Les gens de la boîte

Août 2021 :

Je suis au côté de ma grand-mère. Elle a écrit l’histoire de sa vie dans un carnet, qui a ensuite été dactylographié. Il lui manque quelques visages pour l’illustrer. Alors, elle me présente une boîte carrée, remplie de dizaines de photographies en noir et blanc. Mais, dans cette boîte, elle s’aperçoit que tous les visages lui sont inconnus. La plupart des photographies date du temps de sa mère – certaines photographies ont plus de cent ans –, et, à de rares exceptions près, personne n’a pris soin d’écrire de légendes au dos. Fatiguée – sa vie s’étiole, elle meurt un mois et demi plus tard – elle referme le couvercle, laissant tous ces visages retourner dans un néant vaporeux.

Deux ans et demi après, je repense avec nostalgie à ces visages inconnus, qui ont pourtant niché dans l’armoire de cette maison de famille où j’ai tant de souvenirs heureux. Je récupère ce qui m’apparaît comme un trésor et choisis, parmi cette multitude de photos non identifiées, des personnages à qui je redonne vie, le temps d’une mise en scène poétique. Ils restent volontairement peu identifiables, pour respecter, malgré les ans, leur anonymat.

Dans ces mises en scène, je laisse des mots, des écrits apparaître (extraits de lettres de ma grand-mère, articles de journaux découpés par elle, pages de livres lui ayant appartenu, ou encore écrits retrouvés dans la boîte).

Les autres éléments des mises en scènes sont des extraits ou des photographies complètes que j’ai réalisées.